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L'unique rédemption du parcours est de ne pas arriver.

Roberto JUARROZ - Fragments verticaux

 

L'espace de notre vie n’est ni continu, ni infini, ni homogène, ni isotrope.
Mais sait-on précisément où il se brise, où il se courbe, où il se déconnecte et où il se rassemble ? On sent confusément des fissures, des hiatus, des points de friction, on a parfois la vague impression que ça se coince quelque part, ou que ça éclate, ou que ça se cogne. Nous cherchons rarement à en savoir davantage et le plus souvent nous passons d'un endroit à l'autre, d'un espace à l'autre sans songer à mesurer, à prendre en charge, à prendre en compte ces laps d'espace.
Le problème n'est pas d'inventer l'espace, encore moins de le ré-inventer (trop de gens bien intentionnés sont là aujourd'hui pour penser notre environnement...), mais de l'interroger, ou, plus simplement encore, de le lire ; car ce que nous appelons quotidienneté n'est pas évidence, mais opacité : une forme de cécité, une manière d'anesthésie.

Georges PEREC - Espèce d'espace

 

La superposition des pas produit le sentier.
Le sentier suit l'homme, il est la durée entre le passage de l'homme et le moment où l'effet de son passage disparaît. Le sentier est la mémoire de la sculpture mais le souvenir,
la tradition qui retraduit l'évènement de génération en génération, la maîtrise sont souvent de mauvais éléments d'inspiration.
Un bon sentier, c'est celui qui se perd dans le maquis, qui se referme d'un coup avec ses arbustes sur le dos du promeneur sans vous dire si c'est lui qui le trace le premier
ou le dernier de ceux qui l'ont parcouru. Le sentier disparu est celui qu'il faut prendre, le but est de perdre le sentier pour le retrouver et le reprendre (...)
Trouver le sentier, le parcourir, le sonder en écartant les ronces, c'est la sculpture.

Giuseppe PENONE - Respirer l'ombre